Décrivez vous en cinq adjectifs positifs et négatifs.
Azalée est fidèle, mais jalouse. Douce mais franche. Travailleuse mais pointilleuse. Généreuse mais possessive. Ordonnée mais routinière. Persévérante et positive, mais aussi emportée et émotive. Aussi sociable et romantique que secrète et sarcastique.

Quelle est la soirée parfaite à vos yeux ?
A ses yeux, toute soirée est parfaite du moment qu'elle la passe en compagnie de sa chère et tendre. Si vous y rajoutez quelques bougies et un bain moussant, vous êtes sûr de la combler. Et le top du top : deux verres de vin, Dirty Dancing et un bon petit plat du traiteur.

Vous avez sûrement un talent caché, ou peut être un plaisir coupable que vous n'assumez tout simplement pas.
Azalée, elle aime fumer. Toujours. Tout le temps. Elle ne sort jamais sans son paquet de cigarettes, et frôle la crise cardiaque à chaque fois qu'elle tombe en rade et qu'elle se trouve loin de son vendeur habituelle. Heureusement, dans ce cas là, son joli mignon est là pour l'aider. Un doux sourire, une main sur l'épaule, et emballé c'est pesé. Elle adore le bon vin aussi. Son péché-mignon. Une petite coupette suffit toujours à lui donner le sourire. Mais son grand plaisir coupable dans la vie, c'est le danger. L'adrénaline qui court dans ses veines. La tension qui l'entoure. La peur de mourir qui l’assaille. C'est ce qu'elle aime par-dessus tout. Après tout, pourquoi croyez-vous qu'elle est pompier ?

Le feu.

Le brasier.

L'incendie.

Le cœur d'Azalée bat la chamade. Menaçant de transpercer sa cage thoracique. Pour un peu, elle aurait presque l'impression qu'il essaye de s'enfuir. S'enfuir loin de cette baraque en flammes dont la jeune femme vient juste de sortir, soutenant bon an mal an un homme d'une quarantaine d'années.  

Il fait chaud, horriblement chaud. Pourtant, en dépit de la proximité des flammes qui lèchent la bâtisse, la jeune femme est glacée. Frigorifiée. Congelée.

Elle sent que quelque chose va se passer.

Quelques secondes plus tard, un cri lui transperce les tympans, confirmant son mauvais pressentiment. Ni une, ni deux, la belle se rue à l'intérieur. Et tant pis pour son supérieur qui s'égosille dans son dos, lui ordonnant de revenir. L'entrée de la maison s'effondre derrière elle. Il va falloir trouver un autre moyen de sortir.

« A l'aide !!! Au secours !!! » Les cris proviennent de l'étage.

De la fumée s'insinue sournoisement sous sa combinaison de pompier, et la jeune femme est prise d'une violente quinte de toux. Elle manque de recracher ses poumons sur le plancher défoncé.

« J'arrive ! » Trouve-t-elle malgré tout la force de répondre. « Continue de parler, tu vas me guider ! »

Il n'en faut pas plus au petit garçon pour l'encourager à s'égosiller. Il pleure. Il hurle. Il lui vrille les tympans. Il appellent ses parents déjà évacués du bâtiment.

Azalée grimpe les escaliers quatre à quatre et arrive tant bien que mal à gagner le premier. Le souffle court, le front dégoulinant de sueur, elle observe le couloir. Le plancher est effondré, impossible de passer.

Tout auteur d'elle crépite. Fume. Tremble.

Il faut faire vite. Elle décide de rentrer dans la première chambre, à sa gauche. Un bout de pied dans le mur à moitié rongé par les flammes, et celui-ci s'effondre dans un bruit sourd. La jeune femme débouche alors dans la chambre du petit garçon. Recroquevillé dans son armoire, les yeux embués de larmes, il la regarde d'un air suppliant.

« Je suis là bonhomme, ne t'inquiète pas. » Lui murmure-t-elle doucement.

Elle le rejoint en quelques enjambées. Au passage, elle s'empare de couette du lit de l'enfant.

« Je vais te sortir de là, d'accord. Tu me fais confiance ? » Il hoche la tête.

Ni une ni deux, Azalée l'emballe l'enfant dans la couverture et le prend dans ses bras.

« Tu fermes les yeux, tu t'accroches bien à moi et tu comptes jusqu'à cinq. »

Il s'exécute, et la belle pique un sprint pour rejoindre les fenêtres, de l'autre côté de la chambre.

01. Elle s'élance en serrant l'enfant contre ses bras.

02. Elle évite de justesse le lustre qui vient de se décrocher pour s'effondrer sur le parquet défoncé.

03. Elle continue sa course et réussit à attendre l'une des fenêtres.

04. Elle la brise d'un coup-de-poing, prenant garde à le pas blesser le petit garçon.

05. Elle le jette sans ménagement par la fenêtre. Il atterrit quelques mètres plus bas, sur les draps tendus par ses collègues.

06. Le plafond de la maison achève de s'effondrer. En tombant, l'une des poutres porteuses vient heurter violemment l'arrière de son crâne. Azalée perd l'équilibre et dégringole de la fenêtre. Elle percute le sol dans un bruit mat. Le corps en compote, elle sent vaguement ses collègues se ruer vers elle et la coucher sur le dos. Elle fixe le ciel, le regard flou. Et, au milieu des étoiles, elle a l'impression de voir sa vie défiler devant ses yeux.

Elle se revoit tout d'abord à Paris, vers l'âge de cinq ans, déambulant dans le jardin de la maison familiale à Saint-Germain. Maman, à l'autre bout, lui tend les bras pour l'encourager à marcher. Papa, penché sur la table en rotin, est en train de travailler sur l'ouverture d'une nouvelle filiale de sa société à l'étranger.

Elle se remémore ensuite le déménagement à Vancouver. Le choc. La douleur. Le déracinement. Tout ça parce que le paternel veut surveiller de près l'ouverture des nouveaux locaux de sa société de com'.
Elle était douce et fragile à l'époque. À fleur de peau. Terrorisée par le monde qui l'entourait parce qu'elle avait grandi dans un cocon hermétique.

Elle se souvient des préceptes de vie que sa mère s'est évertuée à lui inculquer. Être sage et discipliné. Ne jamais oublier sa prière avant le coucher. Accepter les volontés du Seigneur. Mais surtout, surtout, se préserver de toutes les impuretés. Ni alcool. Ni cigarettes. Ni sexe. Rester vierge jusqu'au mariage et prendre pour époux l'homme qu'ILS lui auraient choisi.

Un doux sourire fleurit sur son ses lèvres.

Elle se rappelle maintenant de la manière dont tout a volé en éclats. Sa rencontre avec Danaé. L'exubérante mais douce Danaé. Et Leow. Son premier amour. Leow. Dont son père l'a violemment arraché parce qu'il ne pouvait tolérer leur amourette.

Et puis, il y a eu le retour à Paris. Les coups de gueules permanents avec son géniteur parce qu'elle ne supportait plus d'être enfermée. Elle se remémore sa première fois, avec une autre femme rencontrée à la fac. La colère de son père en découvrant que sa fille unique était lesbienne. La manière dont il l'a jeté à la rue sans ménagement.

Mais Azalée se souvient surtout que c'est après ça que sa vie a enfin commencé. Qu'elle a eu l'impression d'exister pour la première fois de sa vie. Elle a pris son premier appartement. Rejoint les pompiers de Paris. Rencontré Lou.

Et, juste avant de s'évanouir, elle se fit la réflexion qu'à son réveil, elle allait sûrement se faire passer un savon par son supérieur.