George Allan était un homme d'affaire américain persuadé qu'il n'avait pas la place pour les sentiments, dans sa vie. Il voyageait beaucoup, faisait le tour du monde plusieurs fois par ans pour faire affaire avec énormément de gens fortuné, et n'avait donc pas le temps pour faire des rencontres amoureuses. De plus, dans son métier, il ne pouvait faire confiance à personne et devait user de manipulation pour atteindre ses objectifs. Vraiment, l'amour, ce n'était pas fait pour lui.
Aussi ne comprit-il pas comment il pu tomber sous le charme de Elizabeth Bourgeois, une jolie française fortunée qui, elle,  était une architecte de renommée mondiale. Les deux s'apprivoisèrent, jouèrent, firent affaire, se quittèrent, se retrouvèrent et ce petit jeu dura bie trois ans avant qu'ils ne décident de se marier et de fonder un foyer à Versailles, dans un immeuble non loin du château du roi Soleil. Leur relation, passionnée, tint malgré les séparations de plusieurs semaines qu'ils enduraient à cause de leurs métiers respectifs, et ils étaient heureux. Ils ne s'attendaient cependant pas à avoir un enfant à peine un an après leur mariage.
Ainsi, Alexander Louis Allan fut un peu la complication dans la vie de ses parents. La mère prit une pause d'un an dans son travail ; le père voyait son fils deux ou trois fois dans le mois. Elizabeth fut finalement lasse de rester à la maison, alors elle confia son fils à sa jeune soeur, Hélène, qui dès lors servit de nouvelle mère au petit garçon. Alexander se révéla être un enfant extrêmement intelligent. A un an et demi, il parvenait à formuler des phrases simples, certes, mais complètes. Il faisait preuve d'un grand calme et d'une obéissance exemplaire, comme s'il comprenait déjà qu'il devait être responsable car ses parents n'étaient pas souvent avec lui.
Alexander avait deux ans quand sa petite soeur, Alice Louise Allan, naquit. Ce fut comme si une boule d'amour explosait en lui, la première fois qu'il la vit, toute petite dans son berceau d'hôpital, et aussitôt il s'engagea à être le meilleur grand frère du monde. Cette fois-ci, ce fut le père qui resta à la maison pendant un an pour s'occuper des enfants, avec l'aide d'Hélène qui passait parfois dans la semaine. Cette année ne fut pas formidable pour Alexander : son père était sévère avec lui, un peu trop sévère. Ce fut presque un soulagement lorsque le parternel retourna travailler à l'étranger.
Quand Hélène revint s'occuper de lui et de sa petite soeur, elle emmena avec elle un petit garçon tout blond, tout timide. Il s'agissait de son fils d'à peine un an, qui était donc leur cousin ; il s'appelait Lucas Bourgeois, et Alexander le considéra aussitôt comme son frère.
Les trois enfants passèrent leur enfance ainsi, chez les Allan, à Versailles, sous la garde d'Hélène. Alexander était un excellent élève, mais son coté trop calme et mature par rapport aux autres enfants de son âge l'isolait. Il passait donc le plus clair de son temps tout seul à lire un bouquin, ou avec Alice et Lucas. Ces deux derniers s'attiraient souvent des ennuis, alors Alexander avait prit comme devoir personnel de les protéger comme un grand frère se le devait. Les trois enfants étaient très proches. C'était toujours l'ainé qui s'oubliait pour favoriser ses cadets à sa propre personne, il était toujours là pour serrer sa petite sœur dans ses bras quand elle était triste de l'absence de leurs parents, il n'hésitait jamais à s'interposer quand des gamins cherchaient des noises à Lucas.
En grandissant, Alex subissait la pression que ses parents, lors des rares fois ou ils étaient présents, mettaient sur lui : les deux adultes souhaitaient que leur fils fassent de très grandes études, et devienne comme eux, qui faisaient le tour du monde et signaient des contrats vallant des millions. Mais Alexander, bien qu'il en ai les capacités intellectuelles (il avait sauté une classe et avait toujours les meilleures notes), ne voulait pas finir comme Elizabeth et Henry, il ne voulait pas abandonner ses proches pendants des semaines entières. Il était plus sensible aux arts, aux livres, à la musique - il avait même appris à jouer du piano tout seul - et il aimait plus que tout dessiner. Ainsi, sans demander l'avis de ses parents il s'inscrit dans la filière L une fois au lycée. Ce choix "irresponsable" lui valut une belle dispute mais, têtu, il ne changea pas d'avis et ses parents, lasses, finirent par lâcher l'affaire.
Son année de première fut également révélatrice pour lui au niveau sentimental : il était déjà sorti avec une ou deux filles, comme beaucoup de garçons de son âge, mais cette année là il tomba totalement amoureux d'un autre garçon. Il découvrit sa bisexualité et la garda secrète pendant deux ans. Il n'assumait pas, et n'osait pas l'annoncer à ses parents. Au final il ne dit jamais à ce garçon qu'il l'aimait.
Après avoir obtenu son Bac haut la main, Alexander s'inscrivit dans une prépa d'art appliqué et subit, pendant les deux ans de prépa, les reproches incessants de ses parents. Il en eut bien vite assez et, dès sa majorité, il se rebella pour la première fois de sa vie, expliquant à ses géniteurs qu'il souhaitait devenir illustrateur, qu'il en avait assez, il leur balança aussi qu'il était bisexuel dans la foulée avant de faire ses valises et de partir s'installer sur Paris pour ses études. Il fallut un certain temps à ses parents pour qu'ils acceptent leur fils tel qu'il était ; mais à présent, Alexander mène une vie tranquille, la tête dans ses dessins. Ses frères et soeurs passaient le voir de temps en temps, ses parents étaient souvent absent mais lui envoyait un message toutes les deux semaines. Il sortait, s'amusait, trainait sans le soucis de l'argent, en bref, il était heureux. Mais pour combien de temps ?