A Tornado meets a Vulcano

I can’t help but be wrong in the dark
Cause I’m overcome in this war of hearts
   

      J’ai fini tout ce que j’avais à faire cet après-midi. J’ai même fait le ménage, pour dire à quel point je tourne en rond. Cholé est absente, alors je vais manger dehors. Je retourne à ce resto bien français que j’ai découvert le mois dernier. Manger seul ne m’a jamais gêné, je ne suis pas de ceux qui sentent la moindre honte quand le regard plein de fausse pitié des autres clients rencontre le mien. Personne ne m’a posé de lapin, rassure-toi misérable serveuse. Quelque chose me dit qu’il n’y avait pas que de la compassion dans sa voix en prenant ma commande, une invitation peut-être ? Peu m’importe finalement. J’avale mon repas sans traîner, et rentre. La seule raison pour laquelle je suis sorti, c’est pour éviter d’avoir à me faire une énième omelette. Je ne suis pas très bon cuisinier, et je n’aime pas beaucoup faire la vaisselle non plus d’ailleurs.

      La maison est toujours aussi impeccable lorsque je rentre, et bizarrement, ça m’ennuie plus qu’autre chose. Je n’ai aucune envie d’aller me coucher, et Cholé n’est toujours pas rentrée. Alors je fais la seule chose qui, je le sais, m’occupera un minimum. Je dessine. Une heure s’écoule avant que je ne termine un croquis assez moyen de la Tour Eiffel en contre-plongée. Une nouvelle heure passe, et je produis une main de femme, plutôt réussie, ornée d’un bracelet en diamant. J’enchaîne pour crayonner le début d’un lit, quand la fatigue se fait enfin sentir. Je prends le temps de terminer mon esquisse, et regarde l’heure. 3h11. Qu’est-ce qu’elle fout putain ? Et à cette pensée je réalise que je l’attends. Pourquoi est-ce que je l’attends ? J’ai rien d’autre à foutre sérieux ? La rage s’amuse à m’escalader l’échine, jusqu’à éclater. Je balance violemment mon carnet et mes crayons à l’autre bout de la pièce pour me calmer, mais ça ne marche pas, et j’ai toujours autant envie de trouer le mur avec mon poing. A la place, je prends le temps de respirer quelques secondes, puis je me lève pour ramasser mon bordel.

   made by roller coaster

A Tornado meets a Vulcano

Une volute de fumée blanche s'extirpa dans un souffle, collision thermique, s'évaporant presque aussitôt. L'hiver était déjà bien installé sur la capitale, malgré sa particulière douceur. L'astre solaire tombait plus tôt et tardait à s'élever dans le ciel; si bien que Chloé ne l'apercevrait certainement qu'en de rares occasions. Une semaine s'était écoulée depuis qu'elle avait agrandi les rangs employés d'un club select. Une vie nocturne qui lui plaisait déjà, bien qu'elle se retrouvait à pioncer une bonne partie de la journée. Il n'était pas loin de 3h du matin ce soir-là, lorsque le manager l'avait contrainte à rentrer chez elle. Un faux mouvement en sortie de scène. Résultat: une cheville foulée et une douleur lancinante qui la narguait. Émergeant de la chaleur appréciée de l'habitacle du taxi,  ses talons à la main et les pieds nus glacés rencontrant les pavés; Chloé s'engagea dans l'impasse menant à la maison. L'équilibre plutôt fébrile, elle titubait, grimaçant à chaque pas. La maison Un concept qu'elle n'aurait jamais pensé adopter un jour. Nomade et insaisissable, son existence se résumait à voguer de place en place. Avant lui. Avant qu'il ne la ramasse cette fameuse nuit.

Elle frissonna, à peu près certaine que chaque fibres de son être étaient anesthésiées par le froid. La tête enfoncée dans sa large écharpe, ses doigts agrippaient les pans de son long manteau comme si cela contribuait à la réchauffer. Il faut dire qu'elle n'avait pas pris la peine de s'habiller avant de quitter le club. Le  peu de tissu de sa tenue de scène n'était recouvert que par son manteau. Aussi vite qu'elle le put, Chloé déverrouilla la porte d'entrée avant de s'engouffrer dans la maison; quelque peu surprise de trouver les lieux éclairés à cette heure-là. Elle s'avança prudemment, sautillant tant bien que mal jusque la pièce à vivre, inquiète de surprendre Eiden en quelconque compagnie. Elle ne l'avait jamais surpris à ramener une femme - en dehors d'elle-même - et elle espérait bien n'en être jamais témoin. La juvénile sursauta légèrement lorsque ses prunelles se posèrent sur le brun, les traits tirés par une sorte de colère... ou bien était-ce de la fatigue ? Sous son regard intimidant, Chloé se sentait presque comme prise la main dans le sac pour avoir fait une connerie dont elle n'avait même pas conscience... « Hey. Tu ne dors pas... » lance-t-elle pour combler le silence. Son regard glisse sur ce qu'il tient en main alors qu'elle laisse un petit sourire tirer le coin de ses lèvres. « Je ne pensais pas te croiser, vu l'heure. Tu dessinais ?  » ajoute-t-elle en désignant son carnet du menton. Elle boitilla jusqu'au canapé et s'y appuya tout en croisant les bras sur sa poitrine. Elle se sentait bien trop exposée malgré le manteau recouvrant son deux pièces. Alors qu'ironiquement, elle s'amusait à allumer Eiden depuis quelques semaines. Chloé ne souhaitait simplement pas lui révéler sa nouvelle profession.

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A Tornado meets a Vulcano

I can’t help but be wrong in the dark
Cause I’m overcome in this war of hearts
   

      J'entends la porte se déverrouiller, et quelques pas dans l'entrée. Le fait que j'arrive si facilement à reconnaitre le silencieux bruissement que produit sa démarche ajoute à ma colère contre moi-même. C'est trop tard maintenant, j'aurais du aller me coucher, faire comme si de rien n'était, me convaincre que j'en avais rien à foutre, mais elle va me voir maintenant. Elle va comprendre que je l'attendais, que... que quoi ? Je n'arrive même pas à deviner ce que j'essayais de m'avouer, et elle apparait dans le salon à cet instant. Elle est belle comme le sont les feuilles en automne, armées de leur plus belles couleurs, prêtes à affronter la pluie, le vent ou même pire encore, le beau temps.
     Chloé semble surprise de me voir, ce qui me surprends, avant que je me rappelle qu'effectivement, il est... tard. Elle n'a pas l'air de soupçonner la raison qui m'a poussé à veiller jusqu'à son arrivée, alors je me détend un peu. "Oui, c'est ça..." je dis en faisant tourner un crayon entre mes doigts avec un sourire fatigué. C'est maintenant que le poids des heures décide de se faire ressentir ? Vraiment ? "Et toi ? T'as passé une bonne soirée ? Je t'attendais plus..." je reprends d'un ton un peu trop impliqué et curieux, avant de regretter instantanément ma dernière phrase. "Je t'attendais plus", de qui tu te fous sérieusement ? Je déglutis un peu trop visiblement puis baisse les yeux sur ma dernière esquisse. Un lit. C'était peut-être un signe, un message, la façon subtile, trop subtile, de mon inconscient de me dire qu'il valait mieux que j'aille me coucher pour ne pas prendre le risque de causer une catastrophe. Et puis merde je me met à râler intérieurement, après tout, c'est innocent. Lui demander ce qu'elle a fait de sa soirée ne fait pas partis de nos habitudes, c'est comme un accord tacite entre nous, mais ce soir, j'ai envie de savoir, j'ai envie de lui demander pourquoi elle rentre si tard, et ce, par pour la première fois.
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